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Histoire locale

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Histoire locale

    1. Mémoire communale
    2. Bulletin municipal 06/98 :

      Notre commune va activement participer à la mission de sauvetage de la mémoire orale dans le Sud- Saumurois.Pour mener à bien ce travail, nous avons besoin de votre aide :

      - nous signaler des personnes vivant ou ayant vécu dans la commune qui auraient des témoignages intéressants à donner,

      - nous fournir de vieux documents écrits ou en image dont voici quelques exemples :

      1. Vie communale :
      2. - cartes postales, photos anciennes, livres, vieux articles de journaux, anciens plans, dessins ou peintures.

        - tout ce qui concerne l'histoire communale, les monuments, les coutumes et traditions, les objets insolites ou devenus rares de la vie quotidienne,

        - tout document écrit ou visuel sur le monde associatif :

        fêtes communales, civiles et religieuses, patronages, amicales, sapeurs pompiers, anciens combattants, sociétés, harmonies et fanfares, théâtre, groupes folkloriques, sports (boules, chasse, pêche,...)

      3. Vie familiale :
      4. Documents écrits :

        - vieilles archives, actes notariés, vieux contrats, coupures de presse, vieux livres de comptes, vieux livrets et documents militaires,

        - correspondances ayant trait à la vie communale, aux guerres 1914-1918 et 1939-1945, correspondance commerciale ancienne ou avec des habitants partis à l'étranger,

        - journaux manuscrits relatifs à la vie quotidienne, vieilles recettes de cuisine, vieilles recettes pour soigner les personnes ou les animaux, vieilles chansons et musiques, vieux poèmes ou rimiaux, vieux contes.

        Documents iconographiques :

        - vieilles photos sur les mariages, les fêtes, les métiers d'avant guerre, les guerres mondiales, etc...

      5. Que faire si vous avez quelque chose à proposer ?
      - donnez vos coordonnées à la mairie. Le chargé de mission pour le recueil de la mémoire orale vous sera présenté par une personne connue de la Mairie, ensuite vous prendrez rendez-vous et ensemble vous conviendrez de ce que vous acceptez de prêter et de laisser publier, les originaux restant bien entendu votre propriété.

      MERCI D'AVANCE POUR VOTRE PARTICIPATION.

    3. Le château de Montsoreau
 
      1. 1860
      2. En 1860 Eugène Berger, évoquant le château, écrivait dans le bel ouvrage du Baron de Wismes "L'Anjou et le Maine" : "Montsoreau est voué désormais à l'abandon et à l'oubli. On dirait les dépendances d'une cour de ferme à voir le terrain fangeux, les mares d'eau croupissante, le fumier amoncelé par places, les vieilles planches, les vieilles cuves, tous les accessoires de la vie rustique jetés pêle-mêle dans un entassement confus....

        Montsoreau conserve, malgré ses mutilations et son délabrement, ses lézardes, un certain air de dignité et de noblesse ; il ressemble à un gentilhomme ruiné, mais portant fièrement sa ruine et révélant son ancien luxe jusque dans les plis usés de son manteau. A l'intérieur, la décadence apparaît complète, absolue - une colonie de pauvres familles a pris possession de la demeure abandonnée, la dépeçant, la partageant, la façonnant tant bien que mal à ses besoins....

        L'avenir sera-t-il sans pitié pour Montsoreau ?"

      3. 1932
      4. Après la restauration entreprise en 1912 par le Conseil général, le Marquis de Geoffre qui en fut l'ardent promoteur, écrivait dans "Le Livre d'Or de Montsoreau" : "merci aux amoureux des ruines légendaires, aux gardiens du passé, aux savants, aux poètes, aux artistes; à tous ceux qui, continuant leur rêve et celui de leurs devanciers, ont bien mérité de leur petite patrie, en rendant à notre Loire, déjà si riche en châteaux, un joyau de plus pour se mirer dans ses eaux.

      5. 1997
      6. Le Conseil Général s'interroge sur les meilleures façons de tirer le château de l'oubli touristique.

         
         

      Gageons que 70 ans après les premières restaurations, le Conseil Général aura, pour ce château qui nous imprègne et captive chaque jour nos regards et nos pensées, l'idée de génie qui suscitera un tourisme exemplaire et de qualité dont les retombées sur notre village seront appréciées de tous.
    1. Musse des amants
    2. Il existe à Montsoreau, à la jonction des rues Françoise de Maridort et Bussy d'Amboise, un espace triangulaire aménagé depuis peu par la commune où existait jadis un puits, actuellement bouché, mais dont le petit édicule a été restauré. Cet espace a été particulièrement fleuri cet été par l'équipe d'intervention bénévole de fleurissement.

      Nous nous sommes aperçus toutefois que lorsqu'il s'agissait de nommer cet endroit, on parlait du triangle, du triangle des Bermudes, de la jonction, de l'endroit où se trouve le puits restauré etc... dénominations très vagues et peu appropriées à ce lieu. Dès lors, le conseil municipal a décidé d'appeler cet endroit "Musse des Amants". Pourquoi ?

      Il convient tout d'abord d'expliquer le mot "musse" qui en vieux français signifiait : cachette. Selon Littré "l'amour se musse". Dans de nombreuses provinces; musser équivaut à cacher. C'est ainsi que dans le glossaire des patois et des parlers de l'Anjou de Verrier et Onillon, musser veut dire se blottir, se cacher, se dissimuler. Rabelais dans Gargantua écrit, chapitre 38: "Six pèlerins qui venoient de Sainct Sébastien, près Nantes, et pour suy héberger celle nuict, de peur des ennemys s'estoient mussez au jardin dessus les poyzars, entre des choulx et lectues" : s'étaient "mussés"au jardin sur les fanes de pois, entre les choux et les laitues.

      Il s'agit donc de la cachette des amants. Si tant est que certains amoureux s'y soient mussés, notre propos n'est pas de révéler leurs aventures, car il s'agit d'une autre intrigue qui marqua toute la région voici 400 ans et dont on parla longuement à la cour du Roi Henri III. Elle ne s'est pas déroulée dans le ce petit lieu qui reste toutefois symbolique puisque deux rues s'y rencontrent, l'une baptisée Françoise de Maridort et l'autre Bussy d'Amboise, c'est en fait de ces amants là qu'il s'agit.

      Pour ce qui est de leur histoire, reportez-vous au bulletin municipal de décembre 1996.

    3. Hersende de Champagne
    4. 1101 - Robert d'Arbrissel arrive à Fontevraud avec sa communauté mixte et hétérogène, dans une vallée inculte et couverte d'épines, de bruyère et de forêts dont une grande partie appartient au baron de Montsoreau, vassal du Comte d'Anjou, Foulques le Réchin. Le Baron Guillaume II vient de mourir. Gautier Ier son fils né d'un premier mariage lui succède. Avec son beau frère Berlai de Montreuil et une certaine Adélaide Rivière, il va céder des terres à Robert d'Arbrissel pour permettre à la communauté de s'établir.

      Au château de Montsoreau vit également Hersende de Champagne, la deuxième épouse de Guillaume, donc belle mère de Gautier Ier et mère d'Etienne, chanoine à Candes. Hersende se sent très vite attirée par le charisme de Robert d'Arbrissel, ses visites à Fontevraud sont très fréquentes. Peut-être s'agit-il aussi de surveiller l'évolution de la situation sur les terres de son défunt mari, qui à dire vrai ne sont pas aussi inhospitalières que le veut la légende.

      En effet une route, la chaussée Saint Hilaire conduit du port de Rest à Montsoreau jusqu'au Poitou en passant par Fontevraud où existe déjà une hôtellerie, un petit ruisseau d'un très bon débit fait tourner deux moulins, il est enfin possible d'extraire du tuffeau pour construire la future abbaye.

      Robert ne peut que remarquer cette grande dame de la famille de ses bienfaiteurs, veuve, avisée et pieuse. Bien qu'une autre veuve à peine âgée de vingt ans, Pétronnile de Chemillé issue de la très puissante famille de Craon soit également au monastère, c'est Hersende qu'il choisit en 1104 pour gérer l'abbaye en lui donnant qualité de "Grande Prieure". Pétronnille devra l'assister.

      Elles vont déployer à elles deux une activité importante dans un contexte particulièrement difficile : ébauche et application d'une première règle dans une abbaye en état de latence, séparation des hommes et des femmes, mais gouvernement confié à une femme, construction des premiers bâtiments, règlement de multiples conflits...

      Hersende meurt en 1109. Pétronille prend la succession puis est nommée Abbesse en 1115. Robert meurt en 1116 au Prieuré d'Orsan en Berry.

      La seule femme qui a dirigé Fontevraud pendant cinq ans avec le titre de "Grande Prieure" fut Hersende. Toutes les autres qui suivirent furent abbesses. C'est ainsi qu'après la mort d'Hersende trente six abbesses allaient se succéder à la tête d'une des plus grandes abbayes de France pendant 683 ans jusqu'en 1792.

      Compte tenu de l'importance de ce personnage, nous lui devions bien un jardin. C'est pour cette raison que le Conseil Municipal a décidé, lors de sa séance du 7 mai 1996, d'appeler le futur jardin public : "Jardin d'Hersende".

       

    5. Bussy d'Amboise et Françoise de Maridor
    6. Nous sommes en 1579 sous le règne d'Henri III. Bussy d'Amboise est gouverneur d'Anjou, Comte de Clermont. Bussy s'ennuie loin de Paris, de ses fêtes et de ses belles dames. Il ne trouve pour toute distraction que de grandes chevauchées à faire sur les routes qui rayonnent autour des Ponts-de-Cé. Bussy alors est heureux. Ces courses rapides calment ses nerfs. Une de ces courses l'amène ainsi à Saumur.Il y rencontre un officier de la sénéchaussée ; Claude Colasseau, qui lui parle de "charmantes dames non loin de Saumur"...pour le distraire de son ennui.

      Bussy, qui se souvient de la châtelaine de la Coutancière, épouse du Comte de Montsoreau, demande à Colasseau de lui porter un message, dans lequel Bussy adresse ses hommages respectueux à la comtesse et lui exprime le désir de venir la saluer.

      Françoise de Maridor accueille avec joie le billet de Bussy car elle trouve le temps long depuis le départ de son mari pour la capitale. Confinée à la Coutancière qu'elle préfère au sombre château de Montsoreau, la comtesse n'a guère de distraction et elle n'a pas perdu le souvenir de ce brillant seigneur qui l'avait charmée tout un après-midi. Elle est donc enchantée de revoir Bussy.

      Ils se rappellent de bons souvenirs mais bientôt un sentiment plus tendre se glisse peu à peu dans le coeur de Bussy et - il n'est pas permis d'en douter - le gouverneur de l'Anjou devient amoureux fou de Françoise de Maridor. Et il commence à mener une cour en règle. Il en a l'habitude.

      De son côté, la Comtesse ne s'offusque nullement des discours que lui tient Bussy. Elle sait, quand les propos deviennent trop tendres, interrompre la conversation ou détourner l'amoureux. Mais elle est trop heureuse d'avoir rencontré un aimable compagnon pour lui fermer sa porte.

      Mais Bussy se pique au jeu et il ne peut tenir bien longtemps sa langue et encore moins sa plume. Il écrit à Colasseau et également à de Thou, un ami de Paris, ce qui va sans aucun doute signer son arrêt de mort. La phrase est en effet trop claire : "J'ai tendu des rêts à la biche du grand veneur et je la tiens dans mes filets". Le grand veneur, c'est le Comte de Montsoreau et la biche est, bien sûr, Françoise de Maridor, Comtesse de Montsoreau.

      Erreur fatale. Car de Thou confie le billet de Bussy à François, Duc d'Anjou, ce dernier le donnant à son tour à son frère Henri III, qui, ayant accumulé une rancoeur profonde à l'encontre de Bussy, ne manque pas d'avertir, au plus tôt, Charles de Chambes, Comte de Montsoreau. Le grand veneur demande aussitôt au roi de le laisser partir pour la Coutancière. Nous sommes en août 1579.

      Fou de colère, il oblige sa femme à écrire un billet destiné à Bussy dans lequel Françoise de Maridor lui donne un rendez-vous pour la nuit suivante, soit le 19 août 1579. Pendant qu'un serviteur galope vers Angers pour porter le message, le Comte de Montsoreau se prépare froidement à assassiner Bussy. Il recrute une dizaine de solides gaillards, serviteurs fidèles du château de la Coutancière.

      Bussy, après avoir reçu avec joie le billet de Françoise de Maridor, se prépare en hâte. Il emmène avec lui Colasseau. Introduit dans le château de la Coutancière par un serviteur, Bussy entre dans une pièce dans laquelle les dix hommes, postés par Charles de Chambes, se jettent sur lui, l'épée haute. Bussy comprend aussitôt la trahison et se bat vaillamment.

      Après avoir atteint grièvement quatre des assaillants, l'épée du gouverneur se brise sur une cotte de mailles. Bussy recule jusqu' la fenêtre et au moment où il va sauter, Charles de Chambes qui suivait le combat dans l'ombre apparaît et tue Bussy d'un coup de pistolet.

      Ainsi s'achève la vie de Louis de Clermont d'Amboise, Seigneur de Bussy, communément désigné sous le nom de Bussy d'Amboise, "qui avait fait tant de pilleries dans le pays de l'Anjou".

      (résumé écrit à partir du livre de Jacques Levron "La véritable histoire de la Dame de Montsoreau" 1938)

      N.B. : le château de la Coutancière a été complètement détruit vers 1825. A sa place, a été construite une "maison" bourgeoise qui a gardé le nom de la Coutancière. (actuellement commune de Brain-sur-Allonnes)

      Alexandre Dumas s'est inspiré de ce fait tragique pour en tirer un célèbre roman : "La Dame de Montsoreau" mais qui s'écarte sensiblement de la véritable histoire ...

      Notes tirées de l'édition du Célestin Port de 1874 tome I

    7. Les prénoms à Montsoreau
 
    1. Sous la Révolution, le Consulat et l'Empire (1789-1815)
    2. En 1790, Montsoreau est un bourg important de 1 100 habitants environ. En ce qui concerne la vie économique du village, on distingue un secteur agricole très développé, représenté par un grand nombre de laboureurs, cultivateurs, vignerons, ... et un secteur de la pierre à bâtir représenté par les perreyeurs. Ces deux secteurs en font vivre deux autres, à savoir un secteur artisanal (tonneliers, tisserands, ...) et un secteur commercial important (mariniers, bateliers, marchands, ...).

      Les prénoms sont l'une des sources quantitatives les plus importantes qui permettent de connaître les mentalités populaires.

      C'est pourquoi il est intéressant de voir, grâce à l'étude des prénoms donnés aux nouveaux-nés entre 1789 et 1815, dans quelle mesure l'influence de la Révolution et de l'Empire, période mouvementée par excellence, s'est fait sentir sur les esprits des Montsoréliens de l'époque.

      On se contentera ici d'analyser les prénoms donnés à tous les enfants nés pendant cette période, à savoir 671 nouveaux-nés.

      Dans les registres paroissiaux et les tables de l'état civil dépouillés, il n'est fait mention que du prénom de l'enfant, de sa date de naissance et des prénoms et noms de ses parents, ainsi que de la profession du père.

      A partir de ces quelques informations, il a été possible de déterminer le sexe de tous les enfants.

      Sur un total de 671 naissances, 376, soit 56%, sont des garçons et 295, soit 44%, des filles.

    3. Les prénoms féminins
    4. La variété des prénoms est relativement importante, étant donné l'habitude d'attribuer à l'enfant un, deux, voire trois prénoms, ce qui offre ainsi un plus grand éventail de choix.

      1. Nombre de prénoms

      2.  
          GARCONS FILLES
        Nombre total d'enfants 376 (100.00%) 295 (100.00%)
        Nombre d'enfants avec 1 prénom 267 (71.00%) 177 (60.00%)
        Nombre d'enfants avec 2 prénoms 103 (27,40%) 109 (36,90%)
        Nombre d'enfants avec 3 prénoms 6 (1,60%) 9 (3,10%)
        Pour 295 filles, on recense un stock de 67 prénoms répartis en 422 mentions différentes :
      3. Nombre de mentions

      4.  
          GARCONS FILLES
        Nombre total de mentions 491 (100.00%) 422 (100.00%)
        Nombre de mentions :   

        enfants avec 1 prénom

        267 (54,40%) 177 (41,90%)
        Nombre de mentions :   

        enfants avec 2 prénoms

        206 (41,90%) 218 (51,70%)
        Nombre de mentions :   

        enfants avec 3 prénoms

        18 (3,70%) 27 (6,40%)
         
      5. Les 10 prénoms féminins les plus fréquemment mentionnés
       
      Prénoms Nombre de mentions Fréquence (en %)
      MARIE 89 21,1
      LOUISE 46 10,9
      ANNE 40 9,5
      JEANNE 37 8,8
      FRANCOISE 24 5,7
      MARGUERITE 24 5,7
      RENEE 20 4,7
      MAGDELEINE 14 3,3
      VICTOIRE 10 2,4
      JULIE 8 1,9
      Marie et ses composés constituent plus d'1/5ème des effectifs (21%), honnête proportion qui montre sans doute le poids et l'influence du culte marial, et du pèlerinage qui en découle, dans la vie des Montsoréliens (rappelons ici l'importance du pèlerinage à Notre-Dame des Ardilliers sous l'Ancien Régime). Toutefois, cette proportion ne révèle pas forcément une dévotion exceptionnelle envers la Vierge, seulement une habitude socialisée.

      A côté de Marie, quelques prénoms s'en tirent bien et constituent avec leurs composés plus de 5% des effectifs. Il s'agit de : Louise (11%), Anne (9,5%) et Jeanne (8,8%).

      On peut donc constater une grande concentration du stock des prénoms féminins : en effet, les quatre prénoms les plus souvent attribués, seuls ou avec leurs composés, suffisent à nommer 50% des filles. De plus, 10 prénoms suffisent à dénommer 75% de celles-ci.

    5. Les prénoms masculins
    6. Le nombre de garçons ne possédant qu'un seul prénom est bien supérieur au nombre de filles correspondant (voir tableau intitulé Nombre de prénoms ). Toutefois, cela ne semble pas altérer la variété des prénoms masculins dans une trop forte proportion, puisque pour 376 garçons, on recense un stock de 72 prénoms, répartis en 491 mentions différentes (voir tableau intitulé Nombre de mentions ) : ce stock peut être considéré comme moyennement important en terme de variété.

      1. Les 10 prénoms masculins les plus fréquemment mentionnés
       
      Prénoms Nombre de mentions Fréquence (en %)
      LOUIS 62 12,6
      JEAN 61 12,4
      PIERRE 40 8,1
      FRANCOIS 39 7,9
      RENE 34 6,9
      URBAIN 34 6,9
      CHARLES 18 3,7
      MAURICE 14 2,9
      JOSEPH 12 2,4
      MICHEL 11 2,2
      Deux prénoms, seuls ou associés à leurs composés, se détachent du peloton de tête : ils s'agit de Louis et de Jean qui constituent à eux deux 1/4 des effectifs. Faut-il voir dans cette belle proportion un signe de loyalisme politique ou d'attachement aux valeurs religieuses traditionnelles dans des temps troublés ?

      Ensuite, seuls 4 autres prénoms sont donnés dans au moins 5% des cas, que ce soit en premier, second ou troisième rang ; il s'agit de Pierre, François, René et Urbain qui constituent respectivement 8,1%, 7,9%, 6,9% et 6,9% des effectifs. Il faut probablement voir dans le cas de Pierre l'influence du culte rendu par les Montsoréliens à Saint Pierre, saint sous le patronage duquel l'église paroissiale du village était et est aujourd'hui encore placée et dans le cas de René, le poids exercé sur les esprits angevins, consciemment ou non, par le souvenir du "Bon roi René", duc d'Anjou au XVème siècle.

      On peut donc constater une concentration moindre du stock des prénoms masculins par rapport à celle du stock des prénoms féminins. En effet, les 6 prénoms masculins les plus fréquemment attribués, que ce soit au premier, second ou troisième rang, ne nomment qu' peine un garçon sur deux (47,9%), alors qu'il ne fallait que 4 prénoms féminins pour nommer 50% des filles. De plus, les 10 prénoms masculins les plus mentionnés ne dénomment que 2/3 des garçons, alors que 10 prénoms féminins suffisaient à dénommer trois filles sur quatre.

      Avant de conclure cette partie, j'aimerais faire allusion au cas du prénom Martin, qui est dans notre étude le onzième prénom le plus souvent mentionné, avec 9 mentions, soit 1,8% de celles-ci : faible proportion si l'on considère la grande popularité dont il jouissait au Moyen-Age et même sous l'Ancien Régime. Il est néanmoins la preuve de la survivance d'un culte rendu à Saint Martin, saint très populaire en Anjou, Poitou et Touraine, évangélisateur des campagnes gauloises au IVème siècle, évêque de Tours, qui mourut dans le village de Candes ; une basilique y fut élevée à sa mémoire, lieu d'un pélerinage auquel nombre de Montsoréliens devaient participer.

      Arnaud PAGE

  1. Sous la Révolution, le Consulat et l'Empire (1789 -1815)
  2.  
     
    (suite de l'article paru dans le bulletin municipal de décembre 1996)

    L'ORIGINE DES PRENOMS

    Il faut maintenant se demander si la répartition et la part relative des divers prénoms, masculins et féminins, peuvent être considérées comme représentatives des mentalités.

    Tout d'abord, le choix du prénom obéit à un objectif familial, le poids des traditions familiales joue un rôle très important à Montsoreau comme partout ailleurs.

    En théorie, le prénom est donné par le parrain ou par la marraine, choisis parmi les membres de la famille la plus proche ; ils transmettent à leurs filleuls leur propre prénom dans la majorité des cas.

    Toutefois, ce système est surtout valable en ce qui concerne les enfants cadets ; en effet, quand il s'agit du fils aîné ou de la fille aînée, celui-ci ou celle-ci reçoit dans la plupart des cas le prénom de son père ou de sa mère ; tout se passe comme si l'aîné, considéré comme héritier privilégié dans la coutume, héritait d'abord du prénom de son père avant d'en recevoir les biens à la mort de celui-ci.

    Ce mode de transmission du prénom, qui prédestinait l'enfant à perpétuer son parent et donc à prolonger sa lignée familiale, explique la relative faiblesse du stock des prénoms que l'on a déjà constatée précédemment : quatre prénoms féminins : Marie, Louise, Anne et Jeanne, avec ou sans leurs composés, suffisent à prénommer 50 % des filles ; six prénoms masculins, Louis, Jean, Pierre, François, René et Urbain, avec ou sans leurs composés, suffisent à prénommer 55 % des garçons.

    Le succès des prénoms multiples à partir du XVIIIème siècle est d'ailleurs dû au fait qu'ils permettent un élargissement du corpus des prénoms utilisés, puisque la personne qui prénomme peut à la fois exprimer ses goûts ou sa créativité tout en respectant les règles traditionnelles.

    A Montsoreau, 155 garçons sur 376 reçoivent le prénom que porte leur père, soit 41 % environ ; en ce qui concerne les filles, le pourcentage est plus élevé : près de 50 % de celles-ci, soit 144 sur 295, reçoivent le prénom de leur mère.

    Si l'on rapproche cette plus forte transmission du parent à l'enfant en ce qui concerne les prénoms féminins avec la plus forte concentration de leur stock - tout cela par rapport aux prénoms masculins - on peut en déduire que l'innovation, s'agissant de la prénomination, touche plus rapidement et plus profondément les garçons, comme si les personnes qui prénomment, voulant marquer leur volonté de changement, choisissaient pour cela le plus considéré à l'époque à savoir le sexe masculin.

    Les contingences régionales ou locales ne sont pas négligeables ; elles ont déjà été évoquées avec le cas de Pierre, René et Martin, mais on pourrait y ajouter ceux de Florent, saint dont les reliques sont en partie à Saumur, et de Mathurin, très populaire en Anjou.

    Il convient désormais de s'intéresser à ce qui était le but premier de cette étude, et donc aux critères de choix des prénoms quand ceux-ci ne sont pas imposés à l'avance par les pesanteurs familiales ou les traditions régionales.

    J'ai choisi de distinguer plusieurs catégories de prénoms :

    1. les prénoms des saints locaux et nationaux, dits à résonnance religieuse catholique classique (cf. tableau 4)
    2. les prénoms à résonnance religieuse chrétienne antique et biblique (cf. tableau 5)
    3. les prénoms à résonnance abstraite, morale ou augurative (cf. tableau 6)
    4. les prénoms à résonnance mythologique et profane (cf. tableau 7)
    5. les prénoms à résonnance politique classique (cf. tableau 8)
    6. les prénoms à résonnance politique moderne ou à la mode (cf. tableau 8)
    7. les prénoms divers, regroupant les prénoms sans référence précise, les prénoms faisant référence à des fêtes religieuses, à la nature, les prénoms à résonnances multiples ou inconnues, les prénoms étant des féminisations de saints masculins ou des masculinisations de saints féminins (cf. tableau 9)
     

    Evidemment, un tel classement ne saurait être objectif, car personnel ; en effet, certains prénoms font partie de plusieurs catégories, par exemple Louis, à double résonance politique et catholique, ou bien encore Paul ou André, prénoms d'apôtres du Nouveau Testament mais faisant partie du fond religieux catholique classique ; dans ce cas, j'ai choisi de les inclure dans la catégorie la plus satisfaisante selon mon opinion propre.

    Quant à la catégorie dite "divers", il convient d'apporter quelques précisions : René y trouve sa place car on ne choisissait ce prénom ni dans une perspective religieuse; ni dans une perspective politique, mais plutôt dans le but de perpétuer une tradition régionale et familiale ; Henri et Philippe ont été considérés comme inclassables puisque ni tout à fait politique, ni religieux entièrement, ou peut-être les deux à la fois ; enfin Arlette employé comme prénom masculin ne fait référence à aucune des catégories précitées, je formule donc comme hypothèse qu'il s'agissait d'une déformation du prénom hébreu alsacien Harlett, francisé.

    Deux faits majeurs peuvent désormais être constatés ; d'une part, les prénoms dits classiques, à résonance religieuse ou politique, restent ultra-majoritaires : si l'on élude les prénoms dits divers, ils représentent 79 % des mentions masculines (349 mentions sur 442) et 80% des mentions féminines (291 mentions sur 362) ; d'autre part, les prénoms non classiques, mythologiques et profanes et à résonance politique moderne, occupent une place non négligeable et ont tendance à gagner du terrain : éludons toujours les prénoms divers, ils représentent 12 % des mentions masculines (54 mentions sur 442) et 13 % des mentions féminines (48 mentions sur 362).

    Bien que toute tentative d'interprétation soit délicate, on peut toutefois vraisemblablement voir ici l'influence des Lumières et de la Révolution. En effet, prénommer un enfant Gustave-Adolphe, Aristide-Eugène, Napoléon-Alexandre, Clarisse-Olympe, Marie-Louise ou Joséphine à l'époque n'est pas, selon moi, un acte innocent, tout comme ne l'est pas non plus le fait de prénommer un enfant - Julie-Marie-Antionette, Parfait-Louis ou Aimé-Louis : la personne qui prénomme va par l'intermédiaire du prénom montrer ses opinions politiques ou, à tout le moins, accomplir un acte politique, en donnant à l'enfant le prénom d'une personnalité politique fameuse.

    J'aimerais à présent en terminer par deux exemples très révélateurs et on ne peut plus caractéristiques.

    Voyons tout d'abord le cas d'un militaire dénommé Jean-Baptiste ; le 1er vendémiaire de l'an X, soit le 22 septembre 1801, lui naît un fils alors qu'il est chef de brigade attaché à l'armée de la Sarre : il le prénomme Gustave-Adolphe ; allusion évidente au roi de Suède Gustave IV Adolphe ; devenu aide de camp d'un général de division, il a une fille le 31 mars 1808, appelée Marie-Zoé-Ester ; alors lieutenant-colonel, il a une seconde fille le 28 avril 1811 qu'il prénomme Victoire-Marie-Louise ; enfin le 20 juillet 1814 il a une autre fils, Jean-Baptiste-Achille.

    Passons maintenant au cas d'un maire de Montsoreau : le 18 mars 1812, il a un fils qu'il appelle Abel, puis un autre le 31 mai 1814, Stanislas, une fille, Clarisse-Olympe lui nait le 15 novembre 1815.

    On peut donc constater que ces deux hommes, à priori favorables aux idées de la Révolution et progressistes, donnent à leurs enfants des prénoms évocateurs et sans ambiguité aucune.

    Ainsi, l'exemple montsorélien tend à prouver que, malgré quelques changements et évolutions constatés, et malgré quelques innovations plus ou moins évocatrices, les modifications en ce qui concerne la prénomination restent encore ponctuelles, peu importantes, et ce d'autant plus que les campagnes sont moins perméables aux nouveautés que les villes.

    C'est pourquoi faire du choix des prénoms un révélateur net des mentalités serait discutable.

    1. Prénoms catholiques classiques (saints locaux et nationaux)
    2. Tableau 4
       

      Filles Nombre de mentions Garçons Nombre de mentions
      Marie 89 Jean 61
      Anne 40 Pierre 40
      Jeanne 37 François 39
      Françoise 24 Urbain 34
      Marguerite 24 Maurice 14
      Magdeleine 14 Joseph 12
      Catherine 6 Michel 11
      Marthe 3 Martin 9
      Geneviève 2 Florent 6
      Cécile 1 Augustin 4
      Clarisse 1 Denis 4
      Clémence 1 Julien 4
      Radegonde 1 Mathurin 4
          Nicolas 4
          Thomas 4
          Antoine 3
          Baptiste 3
          Ambroise 2
          Benoit  2
          Etienne 2
          Brice 1
          Claude 1
          Clément 1
          Dominique 1
          Gatien 1
          Grégoire 1
          Vincent 1
             
      Total 243   269
       
       
       
       
    3. Prénoms issus du christianisme antique de la Bible
    4. Tableau 5
       

      Filles nombre de mentions garçons nombre de mentions
      Suzanne 2 André 8
      Ursule 2 Jacques 7
      Agathe 1 Abel 2
      Ester 1 Moïse 2
      Pélagie 1 Barnabé 1
          Cosme 1
          Crespin 1
          Emmanuel 1
          Paul 1
      Total 7   24
       
    5. Prénoms à résonance abstraite, morale ou augurative
    6. Tableau 6
       

      Filles Nombre de mentions Garçons Nombre de mentions
      Céleste 4 Aimé 6
      Désirée 4 Honoré 5
      Aimée 3 Constant 1
      Modeste 2 Désiré 1
      Aimable 1 Modeste 1
      Félicité 1 Parfait 1
      Magloire 1    
      Total 16   15
       
    7. Prénoms à résonance mythologique et profane
    8. Tableau 7
       

      Filles Nombre de mentions Garçons Nombre de mentions
      Olympe 2 Auguste 8
      Alexandrine 1 Alexis 6
      Artémise 1 Alexandre 4
      Flavie 1 Hippolyte 3
          Achile 1
          Adrien 1
          Martial 1
          Narcisse 1
          Scipion 1
      Total 5   26
       
    9. Prénoms à résonance politique "classique"

    10.  
      Louise 46 Louis 62
      Charlotte 2 Charles 18
      Total 48   80
       
       
       
       
    11. Prénoms à résonance politique "moderne" ou à la mode
Tableau 8
 
Filles Nombre de mentions Garçons Nombre de mentions
Victoire 10 Casimir 7
Julie 8 Eugène 5
Virginie 7 Félix 5
Adélaïde 6 Adolphe 2
Joséphine 3 Gustave 2
Frédérique 2 Léon 2
Sophie 2 Stanislas 2
Adèle 1 Aristide 1
Eugénie 1 Frédéric 1
Hortense 1 Napoléon 1
Rosalie 1    
Zoé 1    
Total 43   28
 
Tableau 9
 
Renée 20 René 34
Henriette 7 Henri 5
Eulalie 5 Marie 2
Olive 4 Philippe 2
Pauline 3 Toussaincts 2
Claude 2 Arlette 1
Frazie 2 Catherin 1
Antoinette 1 Marin 1
Armande 1 Noël 1
Bernardine 1    
Caroline 1    
Clémentine 1    
Colastique 1    
Delphine 1    
Eléonore 1    
Emerance 1    
Jacquine 1    
Joseph 1    
Julienne 1    
Justine 1    
Lucine 1    
Perrine 1    
Reine 1    
Urbainne 1    
Total 60   49
 
 
 
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